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Une série de tableaux sur le thème de la transformation de notre environnement avec pour personnages principaux les épaves ordinaires.
Février - Mars 2023, Galerie de la Gare, Saint Pierre 974
à propos
De Delphine Simonet on sait peu de choses. Probablement née dans les années 80 , dans un monde post moderne pour qui l'histoire était finie, elle traverse l'existence en portant sur son environnement un regard étonné tant l'anthropocène lui semble incongru.
Sa fiche chez les RG est laconique: DS se déplace en Kangoo phase 2 souvent à vive allure, arborant une bonne humeur et un sens de l'oservation qui trahissent une enfance peu ordinaire suivie d'une adolescence qui se termine à peine.
Cosmopolite elle aurait vécu en Amérique du Sud, trouve des crayons en Kabylie, reçoit son premier appareil réflexe sur la côte Basque. La rencontre avec cette machine creuse un questionnement sur la temporalité et la subjectivité.
En 2008 elle contemple les phénomènes de ruissellement et d'érosion qui sculptent le territoire réunionnais et elle photographie les peintures écaillées des maisons de Saint Denis.
On perd sa trace sur une île continent du Pacifique.
On la retrouve à Petite Ile, réinterprétant au pinceau ses propres clichés.
Sur le plan formel son utilisation d'à plats de couleur fait évoquer l'influence des nabis mais c'est surtout sa représentation de la dégoulinade qui se dégage de ses toiles en leur conférant un fatalisme amusant.
Par transparence, la trame émerge au travers de la figuration et donne au sujet autant de nuances, de versions, de facettes subjectives. Images entremêlées de son passé, de son futur, de son peut-être.
Bien occupée par la questions de la relativité, des dimensions, de la perceptibilité du temps et de l'espace, elle s'égare dans les chemins et les terrains vagues pour y collectionner ses machines à explorer le temps.
L'anachronisme de l'objet et du paysage, la poésie de la scène, fait imaginer des phénomènes surnaturels de voyage spatio-temporel.
Scène post apocalyptique de paysage désertique, vestige d'expéditions dans la végétation luxuriante, épaves échouées dans les montagnes réunionnaises, erreurs d'aiguillage.
Sa peinture aborde néanmoins les sujets brulants de notre époque:
Le l'auto et sa place dans la cosmogonie réunionnaise , l'idéal du paradis perdu, l'évanescence et la perpétuelle transformation des paysages, le devenir et la solitude des carcasses de coupés sport après l'incandescence sociale.
22 %, c'est la probabilité que la décapotable rouge envoyée dans l'espace en 2018 retombe sur Terre d'ici 15 millions d'années.